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Exposition 2021/05/19 — 2021/06/17

ÉCRAN TOTAL propose trois expériences et médiations distinctes. La première est une exposition physique, bien « réelle », dans le Centre de design, où les œuvres côtoient la pensée et les images de Jean Baudrillard dans une forme d’attente silencieuse. La seconde se tient à l’extérieur – autour du Centre – où les œuvres exposées se dévoilent dans leur hyperréalité, exacerbant par proxy leur présence absente à l’expérience. La troisième expérience est la remédiation progressive de l’exposition sur ce site web ecrantotal.uqam.ca, où se découvre à distance et dans une dimension complètement fabriquée, celle de l’écran total qui aujourd’hui nous enveloppe.
« Plus de séparation, plus de vide, plus d’absence : on entre dans l’écran, dans l’image virtuelle sans obstacle. On entre dans sa vie comme dans un écran. On enfile sa propre vie comme une combinaison digitale. » (Jean Baudrillard, Écran total, 1996)
Tirée du célèbre texte Écran total, cette citation du philosophe français Jean Baudrillard (1929‐2007) met en exergue ses réflexions incisives et critiques sur les écrans, leurs usages et leur viralité, dans un monde de plus en plus numérisé. Considéré comme un visionnaire et critiqué pour sa radicalité, le philosophe – qui fut aussi photographe – offrait alors des analyses aiguës des relations entre l’image et la réalité, qui sont d’une étonnante actualité et dont l’acuité est accentuée par le contexte pandémique. Ce n’est pas nous qui pensons l’écran, mais l’écran qui nous pense.
Présentée au Centre de design de l’UQAM, l’exposition ÉCRAN TOTAL – en préparation depuis 2018 – accueille, pour la première fois au Canada, les photographies de Jean Baudrillard, mises en dialogue avec les oeuvres d’Adam Basanta, de Charlie Doyon, de Clint Enns, de Mishka Henner et Vaseem Bhatti, de Penelope Umbrico et de Xuan Ye. L’omniprésence des écrans dans nos sociétés et nos vies quotidiennes y est remise en question afin de dévoiler la part d’actualité et le potentiel critique,voire subversif, de la pensée du philosophe, comme son utilisation et ses détournements par plusieurs générations d’artistes et de designers de la scène internationale. Alors que l’évolution fulgurante de nos pratiques visuelles témoigne de la transformation majeure de notre relation aux images, l’exposition explore l’écran comme une interface de viralité, de simulation, de surveillance et d’implosion, concepts développés par le philosophe et réinvestis par les sept artistes et designers exposés. Dans le contexte de la crise sanitaire, les écrans simulent des facettes – momentanément mises sur pause – de nos habitudes quotidiennes et nous poussent à accéder au monde par une surmédiation constante : l’information devenant de plus en plus virale, nos capacités physiques et mentales frôlent l’implosion sociale et culturelle, mais nous gardons l’espoir d’un horizon hors de l’écran.
C’est dans cette actualité pandémique où l’interface écranique est devenue encore plus imposante, que Penelope Umbrico (États‐Unis), à travers ses écrans défectueux reconstitués, et Charlie Doyon (Canada), par ses portraits solitaires morcelés dans leur médiation, démantèlent notre relation à la matérialité de l’écran en interpellant nos corps littéralement retranchés dans un isolement social collectif. En partant de séquences vidéo glanées sur le Web, Mishka Henner (France/Angleterre) et Vaseem Bhatti (Angleterre) interrogent, en les croisant, nos rapports à la nature et aux réseaux socio‐numériques. Leur proposition trouve un écho dans la démarche d’archéologie du numérique de Clint Enns (Canada), qui réunit des collections de photos vernaculaires puisées sur des comptes abandonnés de plateformes de partage d’images, pionnières de la révolution du Web 2.0. Pour sa part, Adam Basanta (Canada) explore les potentielles conséquences de la présence accrue des technologies dans les rapports culturels, sociaux et économiques, en proposant une machine à faire de l’art qui opère, en apparence, sans facteur humain. Dans une démarche sondant l’auctorialité de la machine, Xuan Ye (Chine/Canada) collabore avec l’intelligence des réseaux de neurones artificiels en les amenant à générer des collages médiatiques ambigus fusionnant des photographies récupérées de banques d’images et d’articles scientifiques.
Through photographs, projections, and installations, the ÉCRAN TOTAL/TOTAL SCREEN exhibition features three distinct experiences of mediation. The first one is a very ‘real’, physical exhibition at the Centre de design, where art installations seem to wait in quiet contemplation alongside the images of Jean Baudrillard and flanked by his aphorisms. The second one is an outdoor installation at the Centre de design, where the exhibited pieces are revealed in all their hyperreality, exacerbating their absent presence by proxy. The third experience is that of the reimagined exhibition, progressively and partially re-mediated online on this website, and accessible from a distance within a totally fabricated dimension: that of the total screen that surrounds us today.
“There is no separation any longer, no empty space, no absence: you enter the screen and the visual image unhindered. You enter your life as you would walk on to a screen. You slip on your own life like a data suit” (Jean Baudrillard, Écran Total, 1996; translated into English Screened out, 2022).
Taken from the renowned text Écran total, this quote by the French philosopher Jean Baudrillard (1929-2007) highlights his incisive and critical reflection on screens, their uses, and their virality in an increasingly digital world. Considered a visionary while also criticised for his radicality, the philosopher—and photographer—offered a sharp analysis of the relationship between image and reality, which still proves astonishingly accurate and has become even more relevant in the current pandemic context: We do not imagine the screen. The screen imagines us.
Exhibited for the first time in Canada at UQAM’s Centre de design, the exhibition of the same name, ÉCRAN TOTAL-TOTAL SCREEN – in preparation since 2018-, features Jean Baudrillard’s photographs in conversation with pieces by Adam Basanta, Charlie Doyon, Clint Enns, Mishka Henner + Vaseem Bhatti, Penelope Umbrico, and Xuan Ye. The omnipresence of screens in our societies and daily lives is questioned in order to reveal the topical and critical—even subversive—potential of the philosopher’s thought, as well as its interpretation and appropriation by several generations of artists and designers on the international scene. At a time when the explosive evolution of our visual practices relays the major transformation of our relationship to images, this exhibition explores the screen as an interface for virality, simulation, surveillance, and implosion—concepts developed by the philosopher and reimagined by the works of the seven artists and designers on display. In the context of the current public health crisis, screens simulate facets—momentarily paused—of our daily habits and provide access to the world through constant over-mediation: as information becomes increasingly viral, our physical and mental capacities are constantly on the verge of social and cultural implosion. And yet, we remain hopeful for a horizon that extends beyond the screen.
It is amid this ongoing pandemic, where the screen-interface has become overbearing (domineering, overwhelming), that Penelope Umbrico (United States), through her reconstructed defective screens, and Charlie Doyon (Canada), with her portraits fragmented in their mediation, present works that dismantle our relationship to the materiality of the screen by involving our bodies, literally entrenched in collective social isolation. Using video sequences gleaned from the Web, Mishka Henner (France/England) and Vaseem Bhatti (England) challenge our relationship to nature as seen through the prism of social media. Their proposal is echoed in the digital archaeology of Clint Enns (Canada), who brings together curated collections of vernacular photos taken from abandoned accounts of the image-sharing platforms that pioneered the Web 2.0 revolution. For his part, Adam Basanta (Canada) explores the potential consequences of the increased presence of technology in cultural, social, and economic spheres, by proposing an art-making machine that ostensibly operates without human intervention. In an approach that probes the authorship of the machine, Xuan Ye (China/Canada) collaborates with the artificial intelligence of neural networks, leading them to generate ambiguous media collages by merging images recovered from picture libraries and scientific articles.
Through photographs, projections, and installations, the ÉCRAN TOTAL exhibition features three distinct experiences of mediation. The first one is a very “real”, physical exhibition at the Centre de design, where art installations seem to wait in quiet contemplation alongside the images of Jean Baudrillard and flanked by his aphorisms. The second one is an outdoor installation at the Centre de design, where the exhibited pieces are revealed in all their hyperreality, exacerbating their absent presence by proxy. The third experience is that of the reimagined exhibition, progressively and partially re-mediated online, and accessible from a distance within a totally fabricated dimension: that of the total screen that surrounds us today.

Jean Baudrillard

Penseur-provocateur et philosophe de l’hyperréalité et de la simulation, Jean Baudrillard fut aussi photographe et capteur d’images (souvent avec un appareil photo jetable). Certaines de ses photographies ont été exposées en Australie (Museum of Contemporary Art, Sydney, 1994), en France (Maison européenne de la photographie, Paris, 2001), en Allemagne (Kunsthalle Fridericianum, Kassel, 2004), aux États-Unis (Chateau Shatto, Los Angeles, 2019), en Chine (Power Station of Art, Shanghai, 2019). ÉCRAN TOTAL n’est pas une exposition sur Jean Baudrillard, mais une exposition qui pense avec la pensée de Jean Baudrillard et qui dé-pense et décompose de façon critique ses propositions philosophiques - notamment celles de la viralité, de la simulation, de la surveillance et de l’implosion. Ces quatre concepts dialoguent ici avec les six œuvres exposées. Son travail photographique devient le média ou la matrice qui permet de se situer entre ses concepts fondateurs et les œuvres des artistes sélectionné.e.s. Ce sont donc ses photographies qui font LIEN, par leurs couleurs, structures, composition et matérialité. Par une projection dans l’espace, elles se posent et s’imposent comme des éléments d’un réseau viral à l’intérieur même de l’exposition, surveillent les œuvres et se font surveiller..
Penseur-provocateur et philosophe de l’hyperréalité et de la simulation, Jean Baudrillard fut aussi photographe et capteur d’images (souvent avec un appareil photo jetable). Certaines de ses photographies ont été exposées en Australie (Museum of Contemporary Art, Sydney, 1994), en France (Maison européenne de la photographie, Paris, 2001), en Allemagne (Kunsthalle Fridericianum, Kassel, 2004), aux États-Unis (Chateau Shatto, Los Angeles, 2019), en Chine (Power Station of Art, Shanghai, 2019). ÉCRAN TOTAL n’est pas une exposition sur Jean Baudrillard, mais une exposition qui pense avec la pensée de Jean Baudrillard et qui dé-pense et décompose de façon critique ses propositions philosophiques - notamment celles de la viralité, de la simulation, de la surveillance et de l’implosion. Ces quatre concepts dialoguent ici avec les six œuvres exposées. Son travail photographique devient le média ou la matrice qui permet de se situer entre ses concepts fondateurs et les œuvres des artistes sélectionné.e.s. Ce sont donc ses photographies qui font LIEN, par leurs couleurs, structures, composition et matérialité. Par une projection dans l’espace, elles se posent et s’imposent comme des éléments d’un réseau viral à l’intérieur même de l’exposition, surveillent les œuvres et se font surveiller..
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JB415-24 001
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JB85-25_1
JB408-28 003
Jean Baudrillard photos

Artistes internationaux - International artists

ADAM BASANTA

All We’d Ever Need Is One Another (Trio)

2019
All We’d Ever Need Is One Another est une installation multimédia qui génère des images de manière autonome; une « machine à faire de l’art » indépendante de toute intervention humaine.
Trois numériseurs de bureau posés sur le côté, leurs surfaces de balayage pointant les unes vers les autres, numérisent la surface qu’ils s’offrent mutuellement. Un script informatique crée des mouvements automatiques de la souris, déterminant, de manière aléatoire, les paramètres de numérisation.
Chaque nouvelle image est ensuite analysée par une série d’algorithmes d’apprentissage en profondeur, entraînés avec une base de données d’oeuvres contemporaines économiquement et institutionnellement reconnues. Lorsqu’une image correspond à une oeuvre existante au-delà d’une similitude de 80 %, elle est « validée » comme oeuvre d’art et téléchargée sur un site Web, un compte Twitter et un profil Instagram dédiés. Les concordances de haut rang sont automatiquement imprimées par une imprimante grand format.
Jouant sur les notions de rationalisation technologique, d’agencement des objets, de consommation culturelle et d’économie de la production artistique, l’installation de Basanta agit comme un mécanisme reproductif autosuffisant, apparemment indépendant de l’intervention humaine. Présentant un trait central de sa démarche artistique, l’oeuvre met en avant un certain déterminisme culturel et économique en le passant au miroir grossissant des algorithmes et de l’automatisation.
All We’d Ever Need Is One Another est une installation multimédia qui génère des images de manière autonome; une « machine à faire de l’art » indépendante de toute intervention humaine.
Trois numériseurs de bureau posés sur le côté, leurs surfaces de balayage pointant les unes vers les autres, numérisent la surface qu’ils s’offrent mutuellement. Un script informatique crée des mouvements automatiques de la souris, déterminant, de manière aléatoire, les paramètres de numérisation.
Chaque nouvelle image est ensuite analysée par une série d’algorithmes d’apprentissage en profondeur, entraînés avec une base de données d’oeuvres contemporaines économiquement et institutionnellement reconnues. Lorsqu’une image correspond à une oeuvre existante au-delà d’une similitude de 80 %, elle est « validée » comme oeuvre d’art et téléchargée sur un site Web, un compte Twitter et un profil Instagram dédiés. Les concordances de haut rang sont automatiquement imprimées par une imprimante grand format.
Jouant sur les notions de rationalisation technologique, d’agencement des objets, de consommation culturelle et d’économie de la production artistique, l’installation de Basanta agit comme un mécanisme reproductif autosuffisant, apparemment indépendant de l’intervention humaine. Présentant un trait central de sa démarche artistique, l’oeuvre met en avant un certain déterminisme culturel et économique en le passant au miroir grossissant des algorithmes et de l’automatisation.
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MISHKA HENNER + VASEEM BHATTI

Energy Goast

2021
Energy Goast est une installation vidéo qui projette, sous forme de cercles, des centaines de séquences de catastrophes naturelles. Filmées par des systèmes de surveillance, des webcaméras en direct, ou encore par des témoins sur leur téléphone, elles sont partagées sur les réseaux socio-numériques où Henner les a glanées. En nous mettant face à l’omniprésence des caméras qui captent et des écrans qui diffusent, le travail de Henner et Bhatti interroge l’effet cognitif de cette confrontation permanente à des situations catastrophiques. Ces scènes de destruction exercent sur nous une irrésistible séduction dont il est difficile de s’extraire, ce qui révèle notre fascination inavouable pour l’anéantissement et la dévastation. Souvent enregistrées par hasard au moment même où ces catastrophes se déclenchent, ces séquences nous font prendre conscience que plus rien ne se soustrait au regard panoptique de la caméra, ni à la remédiation par écran, puisque l’expérience par l’image est désormais notre façon d’appréhender le monde. Tout doit être vu et su; il n’est pas d’événement trop imprévisible ou trop isolé pour que celui-ci échappe à sa captation et sa diffusion à grande échelle – tandis que d’autres événements sont mis sous silence et invisibilisés; ceux qui échappent à leur médiatisation.
Energy Goast is a video installation that projects hundreds of sequences of natural disasters in the form of circles. Filmed by surveillance systems, live webcams, or by witnesses on their phones, this footage is shared on social media networks from which it is gathered by Henner. By confronting the ubiquity of the cameras that capture and the screens that broadcast, Henner and Bhatti question the cognitive impact of our unrelenting exposure to catastrophic situations. Such scenes of destruction exert an irresistible seduction over us from which it is difficult to escape, revealing our gruesome fascination with annihilation and devastation. These sequences, often recorded by chance at the very moment disaster occurs, remind us that nothing can escape the panoptic gaze of the camera, nor the remediation of the screen, as experience through images has become our only way of apprehending the world. Everything must be seen and known; there is no event too unpredictable or too isolated to be spared from capture and widespread dissemination. However, other events, those that are suppressed and silenced, are excluded from such media coverage.
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PENELOPE UMBRICO

Out of Order / eBay (Broken Screens on Screen and Broken Screens)

2021
L’installation multimédia Out of Order / eBay (Broken Screens on Screen and Broken Screens) nous confronte à l’écran comme interface matérielle entre l’ici de notre position et le là-bas de l’information. Elle se présente, à travers des écrans démultipliés, comme une surface de projection que nous ne quittons pas du regard, sans toutefois jamais la voir.
Les couches démantelées d’un écran à cristaux liquides sont suspendues, comme à l’arrêt, en plein éclatement. Derrière ces surfaces transparentes, presque holographiques, un moniteur retransmet une séquence de motifs RVB vibrants et abstraits, obtenus en recadrant des photographies d’écrans défectueux vendus, pour leurs pièces, sur eBay.
En déconstruisant notre relation à la matérialité de ce portail vers le monde extérieur qu’est l’écran, Umbrico interroge notre dépendance à une technologie dont l’obsolescence programmée satisfait avant tout une logique capitaliste de consommation.
Out of Order / eBay (Broken Screens on Screen and Broken Screens) is a multimedia installation that confronts us with the materiality of the screen as a solid interface between the ‘here’ of our physical being and the ‘there’ of intangible information. Through multiplied screens, it appears to us as a projection surface that we gaze upon, but that we are never quite able to see.
The dismembered layers of a liquid crystal display (LCD) screen are suspended, as if at a standstill in the midst of an explosion. From behind these translucent and almost holographic surfaces, a functional TV set broadcasts a video sequence of vibrant and abstract RGB patterns, generated by cropping photographs of defective TVs sold for parts on eBay.
By deconstructing our relationship to the materiality of the screen as a portal to the outside world, Umbrico questions our dependence on a technology whose obsolescence is planned in order to satisfy the capitalist logic of consumer culture.
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Artistes du concours

CHARLIE DOYON

Corps abstraits

2021
La série Corps abstraits met en lumière les glissements possibles entre virtualité et matérialité. En matérialisant la relation entre technologie des écrans domestiques et corporéité humaine, ces photographies argentiques et la performance qui les accompagne évoquent l’expérience pandémique actuelle, celle des allers-retours constants entre présence physique et médiation écranique. Les écrans ne sont plus seulement une extension de nous, mais font partie de la plupart de nos expériences quotidiennes.
Mi-humains, mi-machines, les cyborgs qui émergent de l’oeuvre offrent une vision dystopique de l’effet des technologies sur les représentations de soi. Ils personnifient les incidences que peuvent avoir les outils de médiation virtuels sur les relations sociales et l’agentivité individuelle. Charlie Doyon nous plonge dans les vertiges de l’intégration de l’écran dans nos façons de penser, d’agir, et de présenter notre moi numérique. C’est l’écran qui nous pense.
The Corps abstraits series highlights potential shifts between virtuality and materiality. By materialising the relationship between home screen technologies and human corporeality, these analogue photographs and the accompanying performance evoke the current pandemic experience of constant back and forth between physical presence and screen mediation. Screens are no longer just extensions of us, but are part of most of our daily experiences.
Half-human, half-machine, the cyborgs that emerge from the work offer a dystopian vision of the effect of technology on representations of the self by embodying the impact that virtual mediation tools can have on social relationships and individual agency. Doyon plunges us into the rabbit hole of the integration of the screen into our ways of thinking, acting, and portraying our digital selves. Here, it is the screen that gazes at us.
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CLINT ENNS

Internet Vernacular – One Year Project (2004)

2021
En 2004, alors qu’Internet entrait dans l’âge du « Web 2.0 », naissait Flickr, l’une des rares plateformes de partage de contenu de l’époque encore fonctionnelle en 2021. Internet Vernacular – One Year Project (2004) présente 366 images sélectionnées pour leur horodatage d’origine produit par l’appareil, marquant chacune une journée de cette année emblématique.
Cette collection de photographies numériques, recueillies dans des galeries en ligne d’utilisateurs·trices inactifs·ves depuis des années, nous ramène dans les débuts de l’ère du partage numérique, une décennie avant l’avènement des téléphones intelligents, devenus, depuis, beaucoup plus conciliants dans la prise et le traitement esthétique des photos vernaculaires que ne l’étaient les caméras d’antan.
Par sa démarche de fouille archéologique numérique, Enns retrace une mémoire sociale de l’image écranique, produite et partagée par des photographes amateurs·trices qui ont participé, souvent à leur insu, à l’expansion du Web et aux origines de la photographie vernaculaire en ligne.
In 2004, as the Internet entered the age of 'Web 2.0', Flickr was born—one of the few content-sharing platforms of its time still functional in 2021. Internet Vernacular – One Year Project (2004) presents 366 timestamped photographs from 2004, each marking a day in that iconic year.
This collection of digital photographs, gathered from the online galleries of users who have been inactive for years, recalls the early days of digital sharing a decade before the advent of smartphones—which have since made the capture and aesthetic modification of vernacular photographs much more accessible than the cameras of yesteryear.
Through this process of digital archaeological excavation, Enns traces a social memory of screen-mediated images produced and shared by amateur photographers who participated, often unwittingly, in the development of the internet and the origins of online vernacular photography.
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XUAN YE

Deep Aware Triads (vivirvivirvivir)

2021
Deep Aware Triads (vivirvivirvivir) vise à traduire visuellement des systèmes et des phénomènes complexes liés aux données massives. Articulé sous forme de série, ce projet en cours explore la manière dont, à l’ère des réseaux numériques, la viralité des images modifie nos façons de voir et de croire. Il montre aussi comment l’indistinction entre « réalité » et simulation reconfigure nos subjectivités à travers le processus de rétroaction.
À l’aide de bases de données photographiques constituées de banques d’images et d’illustrations d’articles universitaires, l’artiste utilise – à mauvais escient, et ce, de façon délibérée – la fonction de remplissage sensible. Cet outil détourné est associé à d’autres algorithmes et, par le biais des surfaces de transitions induites par la machine, fusionne les photographies trouvées pour proposer un nouvel assemblage.
Le résultat prend alors la forme de peintures/collages numériques, construites sur des diagrammes inspirés de l’architecture des réseaux neuronaux artificiels. La proposition finale simule une paréidolie algorithmique qui met de l’avant les systèmes viraux. Proposant des métaphores enchevêtrées issues des domaines de la biologie, de l’informatique et de la linguistique, cette oeuvre s’inscrit dans la continuité de la poésie médiatique de Xuan Ye, dans sa quête d’un langage visuel entre le code et le vivant.
Deep Aware Triads (vivirvivirvivir) attempts to visually represent the complex systems and phenomena of Big Data. Presented as a series, this ongoing project explores how, in the age of digital networks, the viral nature of images alters our ways of seeing and believing. It also shows how a lack of distinction between 'reality' and simulation reconfigures our subjectivities through processes of feedback.
Drawing from photographic databases comprised of image banks and illustrations from academic articles, the artist deliberately misuses the Content-Aware Fill function. Used in conjunction with other algorithms, this repurposed tool merges found photographs through machine-induced transitional surfaces to generate new assemblages.
The output takes the form of digital paintings/collages, built on diagrams inspired by the architecture of artificial neural networks. The final composition simulates an algorithmic pareidolia that emphasises viral systems. Intertwining metaphors from the fields of biology, computer science, and linguistics, this work is a continuation of the quest for a visual language between code and the living that is at the core of Ye's media poetry.
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