ECRAN TOTAL conférences et publications - TOTAL SCREEN conferences and publications


ÉCRAN TOTAL propose trois expériences et médiations distinctes. La première est une exposition physique, bien « réelle », dans le Centre de design, où les œuvres côtoient la pensée et les images de Jean Baudrillard dans une forme d’attente silencieuse. La seconde se tient à l’extérieur – autour du Centre – où les œuvres exposées se dévoilent dans leur hyperréalité, exacerbant par proxy leur présence absente à l’expérience. La troisième expérience est la remédiation progressive de l’exposition sur ce site web ecrantotal.uqam.ca, où se découvre à distance et dans une dimension complètement fabriquée, celle de l’écran total qui aujourd’hui nous enveloppe.
« Plus de séparation, plus de vide, plus d’absence : on entre dans l’écran, dans l’image virtuelle sans obstacle. On entre dans sa vie comme dans un écran. On enfile sa propre vie comme une combinaison digitale. » (Jean Baudrillard, Écran total, 1996)
Tirée du célèbre texte Écran total, cette citation du philosophe français Jean Baudrillard (1929‐2007) met en exergue ses réflexions incisives et critiques sur les écrans, leurs usages et leur viralité, dans un monde de plus en plus numérisé. Considéré comme un visionnaire et critiqué pour sa radicalité, le philosophe – qui fut aussi photographe – offrait alors des analyses aiguës des relations entre l’image et la réalité, qui sont d’une étonnante actualité et dont l’acuité est accentuée par le contexte pandémique. Ce n’est pas nous qui pensons l’écran, mais l’écran qui nous pense.
Présentée au Centre de design de l’UQAM, l’exposition ÉCRAN TOTAL – en préparation depuis 2018 – accueille, pour la première fois au Canada, les photographies de Jean Baudrillard, mises en dialogue avec les oeuvres d’Adam Basanta, de Charlie Doyon, de Clint Enns, de Mishka Henner et Vaseem Bhatti, de Penelope Umbrico et de Xuan Ye. L’omniprésence des écrans dans nos sociétés et nos vies quotidiennes y est remise en question afin de dévoiler la part d’actualité et le potentiel critique,voire subversif, de la pensée du philosophe, comme son utilisation et ses détournements par plusieurs générations d’artistes et de designers de la scène internationale. Alors que l’évolution fulgurante de nos pratiques visuelles témoigne de la transformation majeure de notre relation aux images, l’exposition explore l’écran comme une interface de viralité, de simulation, de surveillance et d’implosion, concepts développés par le philosophe et réinvestis par les sept artistes et designers exposés. Dans le contexte de la crise sanitaire, les écrans simulent des facettes – momentanément mises sur pause – de nos habitudes quotidiennes et nous poussent à accéder au monde par une surmédiation constante : l’information devenant de plus en plus virale, nos capacités physiques et mentales frôlent l’implosion sociale et culturelle, mais nous gardons l’espoir d’un horizon hors de l’écran.
C’est dans cette actualité pandémique où l’interface écranique est devenue encore plus imposante, que Penelope Umbrico (États‐Unis), à travers ses écrans défectueux reconstitués, et Charlie Doyon (Canada), par ses portraits solitaires morcelés dans leur médiation, démantèlent notre relation à la matérialité de l’écran en interpellant nos corps littéralement retranchés dans un isolement social collectif. En partant de séquences vidéo glanées sur le Web, Mishka Henner (France/Angleterre) et Vaseem Bhatti (Angleterre) interrogent, en les croisant, nos rapports à la nature et aux réseaux socio‐numériques. Leur proposition trouve un écho dans la démarche d’archéologie du numérique de Clint Enns (Canada), qui réunit des collections de photos vernaculaires puisées sur des comptes abandonnés de plateformes de partage d’images, pionnières de la révolution du Web 2.0. Pour sa part, Adam Basanta (Canada) explore les potentielles conséquences de la présence accrue des technologies dans les rapports culturels, sociaux et économiques, en proposant une machine à faire de l’art qui opère, en apparence, sans facteur humain. Dans une démarche sondant l’auctorialité de la machine, Xuan Ye (Chine/Canada) collabore avec l’intelligence des réseaux de neurones artificiels en les amenant à générer des collages médiatiques ambigus fusionnant des photographies récupérées de banques d’images et d’articles scientifiques.

Through photographs, projections, and installations, the ÉCRAN TOTAL/TOTAL SCREEN

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